LE CANETON ILLUSTRE N°3 (samedi, 08 mars 2008)

LE CANETON ILLUSTRE

numéro 3

[journal modeste des élèves de la classe de Première L du Lycée Notre-Dame]

 

LE SALON DE L’ETUDIANT :

Les élèves de 1 ère (L, ES, S) de Notre-Dame se sont rendus au Salon de l’Etudiant de St- Etienne le 17/11/07 grâce à la gentillesse de deux professeurs : M. DUTOUR, M. DURIX, et de la documentaliste : Mme VERMOREL.

Nous sommes partis de Charlieu en car vers 8h30, et sommes arrivés au Parc des Expositions de Saint-Etienne vers 10h au moment de l’ouverture du Salon. Les élèves étaient libres de circuler et de se renseigner auprès des 90 stands présents, où des professionnels et des étudiants étaient à leur disposition pour répondre à leurs questions et calmer leurs angoisses.

Il y avait également des conférences traitant des possibilités d’orientations  après les différents BAC (universités, classes préparatoires,…) avec de nombreux intervenants.

Concernant les exposants, un grand nombre de secteurs d’activités étaient représentés. Il y en avait donc pour tous les goûts ; à noter que certaines écoles de la région étaient présentes dans le cadre de leurs programmes post-BAC.

 

                Nous sommes repartis à 12h après deux heures de visite enrichissante pour nos projets d’études.


LES CHANTIERS DE L’ORIENTATION :

         Le samedi 26 janvier, de nombreux Anciens élèves du lycée sont venus nous présenter leurs formations dans le cadre de nos futures orientations. Nous pouvons dire que tous les types d’études post-bac étaient représentés, ainsi qu’un CAP. Ce fut l’occasion pour les professeurs de retrouver des connaissances et de prendre de leurs nouvelles.

Nous espérons que les élèves présents auront pu profiter des conseils des étudiants qui se sont gentiment déplacés et étaient malheureusement déçus de voir aussi peu de 1ères et de Terminale.

Nous souhaitons donc plus d’enthousiasme de notre part l’an prochain pour une nouvelle rencontre !


ALLEMAGNE : SUITE ET FIN AVEC LES IMPRESSIONS D'ELIE GONFRIER :

 

Tout d’abord,  l’accueil de ma famille fut très chaleureux.  Je fus très vite mis en confiance malgré la barrière de la langue. Par la suite, nous apprîmes à mieux nous connaître et des liens forts se sont tissés. Ma famille m’a beaucoup impliqué dans les activités extrascolaires (sportives,  culturelles. . .) et je l’en remercie.

                A l’école,  Delphine et moi restions ensemble, mais des relations se sont nouées assez rapidement avec nos homologues allemands, filles et garçons.  Quant aux professeurs, certains nous faisaient participer activement aux cours (nous avons dû faire un exposé sur la musique française en cours de Français),  tandis que d’autres ne se préoccupaient pas de nous.

                En outre,  l’école allemande et l’école française diffèrent dans leur fonctionnement.  En effet,  la numérotation des classes allemandes est l'inverse de la nôtre. De plus,  les cours durent moins longtemps (45 minutes) et les relations beaucoup plus amicales et chaleureuses qu’en France. Il y a aussi beaucoup plus de « par cœur » en Allemagne.

En outre, si la nourriture est quasiment similaire à la nôtre,  c’est le mode d’alimentation qui diffère : en effet, les Allemands mangent beaucoup plus souvent : notamment à 10 heures le matin pendant les cours. De plus, les repas ne sont pas servis exactement de la même manière : il n’y a pas la notion d’entrée,  de plat principal…Tous les plats sont présentés en même temps et les convives se servent à leur guise. Enfin, la mentalité Allemagne est différente de celle des Français : les Allemands sont plus amicaux, plus conviviaux, plus joviaux. Cela nous a permis, à Delphine et moi, de nous intégrer immédiatement et de ne pas nous sentir en marge vis-à-vis de nos camarades de classe notamment.

                En conclusion,  je dirai simplement que j’ai eu une chance incroyable de pouvoir faire ce voyage et j’invite tous les germanistes à en faire autant.

REACTIONS A PROPOS D'UN FILM QUI EST SORTI EN DVD ET QUE NOUS AVONS APPRECIE : LE LABYRINTHE DE PAN, DE GUILLERMO DEL TORO :

 

Un peu d'Histoire :

La guerre civile espagnole

Le front populaire gagne les élections en février 1936. Le dirigeant nationaliste Franco Franscico arrive au pouvoir le dix-huit juillet 1936 ; c’est alors que débute une guerre civile, provoquée par l’assassinat du monarchiste Sotelo, guerre qui dure trois ans et divise le pays en deux.

D’un côté , l'on a les Nationalistes, qui s’opposent au gouvernement républicain et qui reçoit l’appui d’une grande partie de l’armée, des phalangistes, des riches propriétaires, des monarchistes, de l’Eglise, d’Hitler et de Mussolini et, dans l’autre camp, les Républicains qui recherchent plus de libertés et qui sont aidés par une partie de l’armée,  les brigades internationales et l’Union Soviétique. Le conflit causa la mort de plus de 600.000 personnes, en partie à cause de la répression.  

                L’Angleterre et la France appliquèrent une politique de non-intervention face à Franco le 15 janvier 1939. La France reconnut même le gouvernement de ce dernier le 25 février. Par la suite, de nombreux réfugiés républicains arrivèrent en France ainsi qu’en Amérique Latine. Hitler envoie la légion Condor qui est une escadrille qui expérimentera les bombardements massifs sur les villes dont Guernica, ce qui inspira le célèbre Picasso. Ce fut un véritable traumatisme pour toute la population autant culturellement que moralement. Certains auteurs tels que André Malraux ou bien Pablo Neruda se sont engagés auprès des Brigades Internationales.


Rendre compte de la réalité selon Del Toro :

Le faune représente une image assez négative, celle d'un être manipulateur et hypocrite ; il semble vouloir duper la fillette. On peut imaginer que le réalisateur le compare à Franco qui est arrivé au pouvoir avec des mensonges et en dupant une partie de son électorat. C’est pour cela que l’on peut penser que le faune et la petite fille sont représentatifs de  Franco et du peuple d’Espagne. Le réalisateur se sert ici de l’aspect fantastique et de son personnage pour retranscrire la vérité. Mais le faune va aussi aider l'enfant, et alors on peut se demander si le réel est toujours ce que l'on croit...

                D’autre part, en 1944 la résistance s’organise, cela est caractérisé par l’enfant qui va naître, mais aussi par les trois épreuves que doit traverser Ophélia. Karen, quant à elle, représente les femmes et le statut qu’elles ont durant cette période sombre ; cette dernière n’a pas vraiment d’opinion politique. On peut voir aussi que Del Toro nous montre, en passant du réel à l'imaginaire, une certaine indécision de l’être humain entre ces différentes idéologies politiques ou religieuses. De plus, le rapport entre la réalité et le merveilleux est aussi traité avec le thème de la violence qui entraîne, via Ophélia, la perte de l’innocence. Le réalisateur veut montrer ici, les répercussions pas seulement physiques, mais aussi morales et existentielles, qu'a pu avoir ce conflit sur la population. On peut voir que le fascisme est incarné par le beau-père : le capitaine Vidal qui détruit le merveilleux, donc le libre-arbitre et la liberté de chacun, en commençant par Ophélia. Cette dernière représente l’espoir. D’autre part, Del Toro veut nous montrer que le merveilleux a ses limites car ce dernier n’est pas si rassurant que cela : des bêtes lugubres attendent en effet la fillette dès sa première épreuve. Les nombreuses scènes violentes illustrent le fanatisme du personnage, froid et barbare, de Vidal qui refuse l’imaginaire, le merveilleux ; c’est ce qui lui fera perdre son épouse. On comprend ici que l’innocence est plus forte que le mal, et ce malgré la mort d’Ophélia à la fin du film. On voit bien que cette dernière ne meurt pas tout à fait car elle est symbolise l’espoir en une vie meilleure.

Le baroque dans le film :

                Le baroque est au départ un courant qui tire son origine de la Contre-Réforme, mouvement qui, au XVIè siècle,  est destiné à lutter contre l’essor du protestantisme,  et à tenter de reconquérir des fidèles.  Or,  nous savons que Franco avait le soutien de l’Eglise ; le réalisateur entend donc ici fustiger cette alliance en se servant d’une atmosphère baroque,  mais dans un climat de subversion.  Force est néanmoins de constater que,  dès sa création,  le baroque avait aussi intégré cette composante.  Ainsi,  l’art devient,  dans le film,  à la fois le moyen de contester la façon dont les fascistes se comportent,  mais aussi l’occasion pour la petite fille d’échapper à ce monde angoissant des militaires,  pour retrouver l’imaginaire propre à l’enfance,  et ainsi fuir ce beau-père qu’elle ne parviendra jamais à aimer. . .

                Le baroque est aussi le mouvement de la métamorphose,  puisque sa figure emblématique est Protée.  Dans le film,  nous voyons que le réel sans cesse subit des transformations,  soit sous l’effet des hommes, soit sous celui de l’imagination.  Ainsi,  des éléments qui proviennent du réel,  par exemple une vulgaire racine de plante,  se parent de vertus magiques,  telles celles de la mandragore,  et sont censés avoir des forces occultes.  Nous nous apercevons que le réel et l’imaginaire sont intimement liés dans cette oeuvre,  et que l’enfant a besoin de se recréer tout un monde,  à mi-chemin entre les contes qui font rêver, et les fables plus ésotériques,  pour fuir une réalité menaçante et sordide. Le monde de l’illusion devient alors, pour Ophélia, l’occasion de parfaire son éducation,  et nous la voyons suivre un véritable parcours initiatique,  qui doit lui permettre d’échapper aux forces du Mal,  pour sauver sa mère,  son petit frère,  et sans qu’elle le sache,  également,  pour boucler une histoire beaucoup plus ancienne,  puisqu’elle est en fait la réincarnation d’une princesse médiévale,  et qu’elle doit accomplir une quête semée d’embûches afin que l’imaginaire ne disparaisse pas.

                D’ailleurs,  tout ce jeu entre réel et imaginaire,  tous ces éléments qui sont à la frontière entre notre monde et celui de l’illusion,  sont tout à fait,  une fois encore,  dans la perspective baroque ; car la mort,  dans ce courant,  n’est qu’un passage,  qui doit nous faire prendre conscience de la vanité de l’Ici,  par opposition à un Ailleurs qui constitue la vraie vie .  Or,  dans le film,  la vérité se trouve du côté de l’imaginaire,  puisque il échappe au temps,  ainsi qu’en témoigne la figure récurrente de Pan ; ce dernier permet à Ophélia de naviguer sans problème d’un univers à l’autre,  et de ne plus faire qu’une avec la Princesse à la fin,  alors qu’elle pénètre à nouveau dans le royaume rayonnant de son père,  où elle retrouve sa famille enfin rassemblée.

                Par conséquent,  le réalisateur,  même s’il s’éloigne un peu des origines du courant dans ce film, réinvestit néanmoins la plupart de ses valeurs : critique de la vanité du pouvoir des hommes et des choses terrestres,  plaidoyer pour l’imagination et le rêve en même temps que panégyrique de l’art,  et surtout immense espoir. . .

 

La mise en abyme de l’art :

                Tout d’abord, on note le rôle prépondérant de l’imaginaire et de la lecture dans ce film. En effet, la petite fille s’évade de sa triste situation familiale : un beau-père franquiste pendant la guerre civile espagnole. La lecture joue donc un rôle central dans cette histoire, puisqu'elle survit grâce à cette littérature. Certes, elle mourra à la fin du film, mais elle gardera son innocence dans cette difficile épreuve qu’elle subit. C’est donc l’art en général qui la sauvera, en quelque sorte.

                Nous constatons en outre que l’histoire s’écrit au fur et à mesure que le film prend place, et nous assistons ainsi en direct à la gestation de l'oeuvre. La feuille blanche, qui symbolise la vie de la jeune fille, se remplit au cours du film. C’est donc une mise en abyme de l’art en général : sa vie s’écrit, et s’immortalise sur papier, tandis que le film permet à l'histoire de s'immortaliser.     

                Enfin, toujours dans la perspective de la mise en abîme, les constats passages entre le réel et l'imaginaire nous donnent à voir les finalités du film : il s'agit, à partir d'une histoire qui relève d'un certain romanesque, de témoigner d'une période importante de l'Histoire.

 

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