Deux moments exceptionnels avec l'écrivain américain Russell Banks (jeudi, 26 mai 2016)
Les vingt-trois et vingt-quatre mai, dans le cadre des Assises Internationales du Roman de Lyon, un peu plus d'une trentaine d'élèves du Lycée Notre-Dame de Charlieu ont pu assister à des conférences de l'écrivain américain mondialement reconnu : Russell Banks. Lundi, à Lyon, un entretien mené par la journaliste Laure Adler a permis au romancier et auteur de nouvelles de parler de l'écriture, des personnages romanesques, du rêve américain, de sa conception de l'engagement, de la responsabilité de l'écrivain, mais également de son rapport à l'Autre, à la famille, au réel. Cet éternel jeune homme de soixante-seize ans a su captiver son auditoire par sa verve et sa bonhomie. Mais ce climat détendu n'a néanmoins pas empêché le nouvelliste et la journaliste d'aborder des problèmes cruciaux en cette période de restrictions budgétaires et de diminution des crédits alloués à la Culture. Ils n'ont pas mâché leurs mots pour vilipender l'action des politiques qui, de quelque bord qu'ils soient, privent peu à peu notre pays de sa mémoire, de son esprit critique... et donc de sa liberté !
Mardi, à la Médiathèque de Roanne, ce fut plus l'occasion pour les élèves d'interroger l'auteur sur l'oeuvre qu'ils avaient étudiée dans le cadre des cours de Littérature et Société, d'Anglais et de Lettres, en l'occurrence Success Stories. Russell Banks précisa sa conception du personnage romanesque, affirmant avec virulence que dans une démocratie digne de ce nom, il ne devrait y avoir ni héros, ni victime. Il étoffa sa perception de la politique aux USA, fustigeant le populisme de Donald Trump, parla de l'économie, soulignant que le rêve américain, ce fameux ciment de la société qui fit tout sacrifier à des dizaines de générations afin d'assurer un avenir meilleur, n'était plus de mise.
Ce défenseur des pauvres gens et pourfendeur des injustices dans une Amérique en mal d'elle-même a su répondre aux interrogations de chacun avec toute la disponibilité et la chaleur d'un être qui aime à parler de son travail, de ses idéaux, et qui garde foi en l'humaine condition. Lors des deux séances de dédicaces, il eut un mot agréable pour tous ses admirateurs. De quoi montrer aux lycéens ce qu'est un écrivain contemporain, attentif à autrui et jovial, en phase avec son temps !
Les participants à ces deux demi-journées ont savouré la chance qui était la leur : en effet, c'est tout le programme d'Anglais de Terminale et l'intégralité de celui de Première en Lettres qui furent ainsi revisités d'une manière attrayante. De quoi réconcilier avec la Littérature tous ceux qui avaient pu être rebutés par sa trop grande obscurité. Un grand merci à Russell Banks pour ces moments précieux !
09:06 | Lien permanent