Sortie pédagogique pour les 4èmes de Notre-Dame en pays stéphanois (mardi, 09 janvier 2018)

25531932_1390530174383996_1509438822993213027_o.jpgVendredi 22 décembre, 8h, Charlieu : impatientes, les classes de 4ème piétinent au pied des bus affrétés tout spécialement pour leur voyage pédagogique en région stéphanoise, à la découverte des Musées de la Mine et d'Art Moderne et Contemporain de Saint-Etienne, sous bonne garde de leurs accompagnateurs Mme Berrodier et Mme Souchon, professeures d'histoire-géographie, M. Lamoussière, professeur d'arts plastiques, M. Janiaud, professeur d'EPS et M. Duperret, professeur documentaliste. Les conversations, animées, peinent à couvrir les rires retentissants des plus euphoriques... L'agitation, palpable, laisserait-elle présager de la proximité des fêtes de fin d'année ?

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Ou peut-être, tout bonnement, d'une insatiable soif de culture, tant les élèves, une fois répartis en groupe sur place, offrent à leurs guides respectifs une oreille attentive, casque de sécurité vissé sur le crâne, petites silhouettes besogneuses à l'ombre des monstres de fer et de charbon de la cité minière. Une première visite matinale au Musée de la Mine placée sous le signe d'une relecture sociale, à rebours de la mythologie morbide que charrie dans l'imaginaire collectif ce dédale de galeries souterraines dont l'exploitation tournera à plein régime dans la seconde moitié du XXème siècle, au chevet d'un pays en ruine au sortir de la guerre, brassant une forte immigration méditerranéenne afin de pourvoir ces postes ingrats dont les Français ne veulent plus.

 

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Point de coup de grisou donc, mais un éclairage instructif sur le rôle méconnu des mineurs dans l'évolution du droit des salariés, qui obtiendront dès 1907 que leur journée de travail n'excède pas huit heures, pénibilité de la tâche oblige, ainsi qu'un système de ponction solidaire sur la paie mensuelle de chacun, afin d'alimenter un fonds d'indemnisation collectif à l'intention des collègues blessés pioche en main - une petite révolution ouvrière préfigurant l'instauration nationale de la Sécurité sociale en 1945.

 

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Coup d'éclat toutefois l'après-midi au Musée de l'Art Moderne et Contemporain, dont l'une des œuvres préliminaires, un savant assemblage de tubes de métal enchevêtrés, soigneusement lustrés, qui n'aurait pas dépareillé le matin même dans les entrailles de la ville, parvient à interpeller nos élèves dès leur arrivée. Quel intérêt que de les exposer là, ces morceaux « même pas beaux » comme le souligneront certains ? C'est justement tout le propos du grand chamboule-tout artistique du XXème siècle : bousculer des décennies ininterrompues d'esthétisme conformiste, réhabiliter la technique, indissociable de l'art, à l'image du peintre et son fidèle pinceau. L'intention préliminaire de l'auteur suffit-elle à fonder et justifier l'oeuvre, ou cette dernière relève-t-elle du seul critère de beauté – tous les sujets sont-ils dignes d'être représentés, outils compris ?

 

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Aucune réponse, évidemment, à mesure que la visite suit son cours, réservant son lot d'incongruitésIMG_20180109_105343_388.jpg auprès d'élèves toujours plus interloqués : abstractions sur toiles, néons aveuglants, vidéos grésillantes sur tubes cathodiques, jusqu'à l'apothéose finale, cet amas de matière informe aux reflets bruns rougeâtres, grand œuvre de l'artiste britannique Anish Kapoor, vision paroxystique d'un art contemporain réduit à sa plus pure quintessence. De sujet identifiable il n'est définitivement plus question ; subsiste alors cette matière de nature difficilement identifiable, peut-être authentique, vierge de toute technique, jetée en pâture au public définitivement médusé.

 

De quoi alimenter, en tout cas, quelques joutes verbales de haut vol sur le trajet du retour entre tenants d'un classicisme assumé et contestataires entêtés de l'ordre établi, rejouant à leur insu l'éternelle querelle des Anciens et des Modernes, tous cependant bientôt réconciliés sous les lumières scintillantes de Noël qui s'annonce, désormais, à foulées enneigées en cette veille de vacances hivernales. Les garnements filent, un car à prendre, des parents qui attendent : la journée se termine, 8 heures tout pile... Comme les mineurs.

 

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