Vendredi, les classes de Première du Lycée Notre-Dame ont assisté à la représentation de leur dernier
spectacle d'abonnement, à La Ricamarie cette fois-ci, déménagement de la Comédie oblige. Après une heure de préparation intense avec leurs enseignantes, et une introduction nourrie de la part de l'assistante à la mise en scène juste avant le lever de rideau, les jeunes ont pu apprécier à la fois la beauté, la limpidité et la profondeur du texte Je crois en un seul Dieu de Stefano Massini, admirablement interprété par l'actrice Rachida Brakni.
C'est l'histoire de trois femmes : Eden Golan, Israélienne, professeure d'Histoire juive, âgée de cinquante
ans ; Shirin Akhras, Palestinienne, étudiante islamiste de tout juste vingt ans qui veut se faire martyre, et enfin Mina Wilkinson, militaire américaine de quarante ans. Les trois savent qu'elles vont mourir, et ce sont des instants fugaces de leur existence qui vont défiler dans un regard rétrospectif qui permet ainsi de multiplier les points de vue sur le conflit israélo-palestinien qui dure depuis si longtemps, mais dont Massini déplore qu'il n'ait pas fait l'objet plus tôt d'un traitement théâtral.
Faire jouer ces trois femmes par la même actrice est un coup de génie de l'auteur ; il entend ainsi mettre
davantage en valeur le caractère dévastateur de la guerre, dans une écriture qui présente les faits sans donner de jugement, mais pousse bien sûr le spectateur à comprendre tout le tragique absurde de ces conflits inter-religieux qui ensanglantent le monde depuis tant de siècles, avec cependant une acuité et une récurrence toutes particulières depuis le début de notre vingt et unième siècle.
La mise en scène d'Arnaud Meunier a admirablement éclair" le sens profond de ce merveilleux texte,
privilégiant le côté humain de ces trois femmes. Il parvient à faire naître l'émotion chez le spectateur, tout en
l'amenant habilement à remettre en cause ses certitudes, comme l'artiste lui-même aime à le rappeler, se
réclamant de Vinaver. Arnaud Meunier, dont les mises en scène, toutes de finesse et d'intelligence, entend
familiariser le public stéphanois avec le répertoire contemporain. Il a d'ailleurs été confirmé pour trois autres
années à la tête de la Comédie, pour le bonheur de tous !
Ce dernier spectacle vient clore un parcours de trois oeuvres en lien étroit avec le programme de
Littérature, qui toutes interrogent sur le parcours de l'Homme, ses liens avec le monde, autrui, mais également sur le rôle de la fiction, de l'art en général, et notamment face à la barbarie. De quoi méditer face à notre brûlanteactualité !...